10. LA LÉPROSERIE

Cette croix rappelle qu'au village de Craham existait un cimetière de lépreux. Malheureusement, au cours du siècle dernier, son emplacement exact e été oublié. Rien ne peut à présent nous aider à le retrouver. Ce cimetière lépreux desservait une léproserie, dont la proximité de la route de Bretagne en expliquerait sa présence ici, légèrement en retrait, par souci sanitaire.

Faute de documents, nous ignorons également tout de cet établissement. Néanmoins, nous pouvons présumer de sa création et de son fonctionnement dans une période courant entre le XII ème et le XIV ème siècle, époque où la lèpre était virulente. La peur de sa propagation interdisait aux malades tout contact avec la population. Par conséquent, l'obliger à vivre reclus. Cette maladie était perçue comme une punition divine ou bien au contraire, comme un rachat de fautes. Damien Jeanne, auteur de l'inventaire des léproseries du diocèse de Bayeux du XII ème au XV ème siècle, estime qu'elle touchait 10% de la population et offrait une espérance de vie moyenne de six ans aux malades.

Compte tenu des établissements avoisinants et de la population locale, la léproserie de Craham devait être de taille modeste. Elle comptait peut-être quelques cabanes en bois, abritant autant de chapelle desservie par un prêtre. Celui-ci demeurait probablement dans une maisonnette rattachée à la léproserie. Afin de subvenir à leurs besoins, les lépreux cultivaient des pièces de terres autour de l'établissement, sous forme de jardins, labours ou simples prés.


La peste dans le bocage, une autre épidémie. Extrait de la monographie de Saint Georges d'Aunay de Camille Jeanne. La peste éclate dans toute la région de Basse-Normandie en mars 1636, venant du nord, par Eu, Rouen et Bernay. Le bocage fut particulièrement éprouvé. On construisit, dans les champs des loges en planches goudronnées afin d'isoler les malades. Autour de ces loges, on faisait de grands feux de "brai" et de matières grasses, pour désinfecter et assainir l’atmosphère. Malgré cette précaution, la mortalité atteignit, à Saint Georges même un chiffre énorme " on trouvait 200 malades dont huit à dix par jour morts pieusement". Un drapeau noir fut arboré au clocher pour avertir les voyageurs, et les inviter à rebrousser chemin. L'année qui suivit 1637 ne fut pas moins désastreuse. En raison de la pénurie de main d’œuvre, le pain manqua, et la famine provoqua de grandes misères et un regain de mortalité.

Autres pandémies. Au xxème siecle , la population a fait face à trois pandémies conséquentes. La plus terrible, connue sous le nom de grippe espagnole a eu lieu entre 1918 et 1919, elle a fait, au minimum 40 millions de morts, bien plus que la première guerre mondiale qui touchait à sa fin. Les autres pandémies ont été moins mortelles : la grippe asiatique de 1957 responsable de 4 millions de décès et la grippe de Hong Kong est à l'origine de 2 millions de morts. Une souche particulièrement virulente et contagieuse : H1N1. Elle est avec la peste noire " 34 millions de morts" la pandémie la plus mortelle de l'histoire.

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