2. LES ÉCOLES
C'est en 1833 que la loi Guizot légalise les écoles privées et impulse le développement des écoles publiques. Cahagnes construit l'école des garçons, dont la construction se terminera en 1856. Vient au tour des filles en 1868. En 1879, le maire déclare 146 élèves : 83 dans l'école des garçons et 63 dans l'école des filles.
Avec le temps, les locaux deviennent exigus et nécessitent des rénovations. La commune envisage alors un agrandissement de l'école des garçons, mais les coûts et la diminution de la population reportent le projet. En 1883, même constat. L'école des garçons est trop petite pour accueillir tout le monde. L'école doit alors refuser 6 enfants.
Si l'école des filles a bien été rénovée, en 1888, le projet d'une nouvelle école des garçons se concrétise à 200 m du bourg, sur la route de Caumont. Il y a urgence : " Considérant que l'école actuelle est dans un état de vétusté tel que la vie des élèves, de l'instituteur et de sa famille sont en danger. " En 1889, c'est 104 enfants de 5 à 12 ans qui sont susceptibles de fréquenter l'école.
Le projet comporte le logement de deux maîtres attachés à l'école, deux salles de classe pouvant recevoir 104 élèves, des lieux d'aisance, ainsi que des préaux spacieux, une cour et un jardin suffisamment étendus. Le projet fut réalisé pour la rentrée 1893.
L’instituteur Pierre Decaindry a marqué son passage à Cahagnes depuis 1881. Libre penseur et vaillant républicain, il s'oppose à la commune, et notamment à Charles Edeline, maire et archétype notable rural. Decaindry fut aussi le président du syndicat des instituteurs du Calvados.
Extrait du journal La Lanterne, 6 octobre 1905 : "Le maire et le curé de Cahagnes, aidés de toutes les dames propagandistes de la réaction ne cessent d'exciter la population contre l'instituteur Decaindry."
A la suite de nombreux incidents, la commune décide de créer une école libre dans les locaux appartenant au maire. Le conseil municipal démissionne en mai 1905. Son départ ramènera le calme au sein de la commune.
En 1882 émerge l'idée d'une école enfantine, c'est à dire pour les enfants de moins de 6 ans.
L'école des garçons fut détruite lors de combats en 1944, tout comme l'école des filles. Cette dernière est depuis transformée en salle des fêtes. Des structures en bois sont faites pour accueillir les élèves en attendant la reconstruction. Après 18 mois de travaux à l'emplacement de l'ancienne école des garçons, le nouveau groupe scolaire est inauguré le 16 octobre 1955. Ce fut l'occasion d'une grande inauguration avec une trentaine de personnalités et un défilé de 160 élèves des 5 classes.
Un hommage est rendu aux instituteurs de l'époque : Mlle Desdoit, Mr Pouliquen, Mme Lefèvre et Mlle Sarda.
Le journal Ouest France relate l'évènement : " C'est un des plus beau groupe scolaire que l'on puisse trouver dans le Bocage, alliant élégance sobre avec une conception harmonieuse et pratique."
Le nouveau groupe scolaire comprend deux corps de bâtiments symétriques et similaires : un groupe de 5 classes. Une classe enfantine, 2 classes de filles et 2 classes de garçons. Le tout accompagné d'une grande salle d'enseignement ménager pour les filles, une classe de travaux manuels pour les garçons, une cantine et 4 grands logements de fonctions pour les instituteurs. Ce groupe scolaire étonne par sa modernité : choix des matériaux (pierre de Caen), classes spacieuses et lumineuses, grande cour de récréation garçons et filles, séparée par une clôture, laissant présager qu'un jour, elle sera enlevée.
La presse conclue : "Les classes sont aérées et chauffées et l'harmonie des couleurs douces et l'élégance rationnelle du mobilier scolaire ne pouvaient que donner des influences positives sur les jeunes cervelles."
Des cours agricoles y furent aussi dispensés aux enfants d'agriculteurs qui souhaitaient rester à la ferme. Un établissement agricole fut même envisagé mais il a finalement été installé à Vire. L'augmentation de la population à partir des années 1970 a permis de maintenir les classes, et même d'en créer une nouvelle depuis. Le regroupement scolaire avec les communes de Saint-Pierre-du-Fresne et de Les Loges a été baptisé Nelson Mandela.
