9. LES MOULINS

Le réseau hydrographique et la superficie de la commune offrent de nombreux sites pour l’installation de moulins. Si un seul est situé sur la rivière principale, la Seulles au lieu-dit Orval, les autres sont alimentés par des cours au débit plus faibles ce qui imposait l’aménagement de biefs et de retenues. Ce qui n’évitait pas, l’arrêt du moulin faute de débit en été.
Les traces des moulins à Cahagnes remontent au 14e siècle. Si la fonction principale était de moudre du grain, d’autres usages prévalaient; il existait ainsi un moulin à foulon, destiné à recycler les tissus, notamment les draps. Le seul vestige aujourd’hui en est le nom du lieu dit : La Foulerie.

En 1882 la commune de Cahagnes comptait 6 moulins en activité : à Benneville, Mondant, Aubigny, Vauvrecy, Orval et ici à Hamars. Ces moulins maillaient la commune. La majorité des surfaces étaient en effet cultivées pour subvenir d’abord aux besoins alimentaires et de nombreux propriétaires possédaient leur propre « fournil ». Deux moulins étaient équipés pour produire de l’huile notamment pour l’éclairage à partir d’œillette, de colza. Ces 6 moulins affichaient des niveaux d’activités très différents si tant est que le montant des impôts révélait bien ces écarts. Domestiques voire servantes accompagnaient les plus importants.
Ici le moulin d’Hamars apparaît sur les cartes à la fin du 18e siècle. Il a remplacé un moulin un peu en amont au lieu-dit La Rivière, aujourd’hui disparu.  Le bief et la retenue derrière sont aujourd’hui comblés. Il a longtemps fait partie du domaine d’Aubigny qui partageait avec M. De Siresme propriétaire du domaine de Boussigny le droit d’y moudre 3 jours par semaine. Dit moulin de Cahagnes, il a fonctionné jusqu’aux années 1950. Il était équipé de 3 meules, une pour le blé ou froment, base de l’alimentation, une pour l’orge destinée aux cochons, une troisième pour le sarrazin, culture très répandue dans le Bocage au 19e siècle, la galette n’était pas que bretonne. Outre la mouture des grains, ce moulin a été aménagé pour alimenter le bourg de Cahagnes en électricité après les combats de l’été 1944.

Moulin d'Aubigny: Le moulin d’Aubigny dépend du château du même nom, appartenant au début du 19e siècle au comte Demontault (Demonteaux), également propriétaire des moulins de Cahagnes et de Mondant (détruit). Après être passé entre les mains de plusieurs propriétaires comme immeuble de rapport, Antoine Lecreps est le premier meunier à en devenir propriétaire exploitant au début des années 1850. Il le cède à Pierre Roger vers 1864. Charles-André Barbe
l’acquiert en 1868, puis le transmet à son fils Désiré. Ce dernier réalise avec ses fils une extension du logement du moulin en 1920 (plaque avec nom et date portée). Il constitue une association avec le meunier du moulin Cliquet de Cormolain, Paul Mariette, sous forme de coopérative. N’ayant pas fait évoluer sa capacité de production entre 1914 et 1936, il déclare une capacité d’écrasement quotidienne maximale de 10 quintaux de blé lors de l’enquête de contingentement. Il se sert de deux paires de meules, le moulin comprenant une troisième paire de meules, dédiée au sarrasin. Le blutage est réalisé avec une bluterie hexagonale. En plus de l’énergie hydraulique développée par une roue, le moulin possède un moteur à gasoil type 0-115 de marque Crossley d’une puissance de 19 CV installé en 1933, utilisé en cas de besoin. La famille Barbe maintient l’exploitation après la Deuxième Guerre mondiale, mais sa production s’oriente vers la farine pour animaux. Elle installe une nouvelle roue en fer, encore en place aujourd’hui. Maurice Barbe, dernier meunier de la
famille, cesse son activité en 1983. Le moulin d’Aubigny est situé à l’ouest du château du même nom, sur la commune de Cahagnes. Il était alimenté par un étang pris sur le ruisseau de la Rosière, aujourd’hui asséché. Le bâtiment abritant l’atelier de fabrication et le logement
possède un étage de soubassement et un rez-de-chaussée, construits en moellons de granite, ainsi qu’un étage de comble en béton aggloméré, avec des encadrements d’ouvertures en briques. Le moulin est encore équipé d’une roue hydraulique à augets en fer, qui ne tourne plus, et de deux systèmes d’engrenages, comprenant leurs rouets de fosse, encadrés par des beffrois. Au niveau supérieur se trouvent trois paires de meules (deux à blé, une à sarrasin) et dans l’étage de comble une bluterie et un aplatisseur à avoine. Une première extension en schiste, composée d’un étage de soubassement, d’un rez-de-chaussée et d’un comble à surcroît, prolonge la partie logement du moulin. La seconde extension, construite en moellons de granite en 1920 (plaque avec nom du propriétaire et date portée), possède un étage de soubassement, un rez-de- chaussée et un étage de comble. L’ensemble est couvert d’une succession de toits à longs pans à pignons couverts, en ciment-amiante pour la partie atelier et en ardoise pour les deux extensions. Reliée au moulin par un couloir bétonné couvert, un bâtiment, possédant un rez-de-chaussée et un étage de comble, également en moellons de granite, est couvert d’un toit à longs pans en ciment-amiante à pignons couverts. Elle est prolongée par un atelier de réparation en bauge couvert d’un appentis en tôle ondulée.

Moulin de Cahagnes: Au 19e siècle, le moulin de Cahagnes appartient à plusieurs familles de notables, n’en assurant pas directement l’exploitation. D’abord propriété du comte Demontault (Demonteaux), également détenteur des moulins d’Aubigny et de Mondant (détruit), il est acquis vers 1836 par Charles Julien, ancien député durant les Cent-Jours et maire d’Épinay-sur- Seine (Seine-Saint-Denis), puis transmis à Armand Julien, ancien général. La famille de Klopstein acquiert le moulin à la
fin du 19e siècle. A cette époque, le moulin est mis en valeur par Armand Thérin, dont la famille exploite le lieu depuis la deuxième moitié du siècle. Son fils Georges devient propriétaire du moulin vers 1926. Au moment de l’enquête menée dans le cadre des futurs contingentements, en 1936, le moulin peut écraser jusqu’à six quintaux de blé par jour, soit la même quantité qu’en 1914. Pour ce faire, le moulin dispose de trois roues permettant d’entraîner une paire de meules à blé, une à sarrasin et une à orge. Cette dernière peut également être entraînée par un moteur à gasoil de secours. A l’énergie hydraulique pouvait aussi se substituer l’énergie animale, par l’emploi de la force équine. Le blutage est effectué par une bluterie hexagonale. Ainsi, le moulin chiffre une production de 16 614 kg de farine pour l’année 1934 et de 15 957 kg pour 1935. L’activité du moulin est maintenue durant la Deuxième Guerre mondiale, mais cesse à partir des années 1950, la famille s’orientant vers l’élevage laitier. Situé à l’est du bourg, au lieu-dit Hamars, le moulin de Cahagnes est alimenté par un bief de dérivation pris sur la Seulles à l'est du site. Un système de vannes et un élargissement du bief permettaient d’effectuer des retenues en période d’étiage. Le bras de la Seulles qui court en partie haute devient par la suite un bras mort de la rivière. Aujourd'hui l'alimentation en eau des roues qui courrait le long du moulin est asséchée. La Seullette venait rejoindre la Seulles dérivée au début du
canal de fuite du moulin pour reprendre le cours naturel de la rivière.
L’ensemble des bâtiments est organisé autour d’une cour. Le bâtiment du moulin comprend le logement et l’atelier de fabrication, atelier toujours équipé d’une partie des engrenages qui faisaient tourner le moulin et d’une paire de meules. Aménagé en rez-de-chaussée et disposant d’un étage carré et d’un étage de comble, il est construit en moellons de granite et couvert d’un toit à longs pans à pignons couverts, autrefois en chaume aujourd’hui en ardoise. L’étable à chevaux est en parpaings de béton, couverte d’un appentis en ardoise. Les communs, en rez-de-chaussée et dotés d’un étage de comble, sont de construction similaire à l’atelier de fabrication.

CE SITE A ÉTÉ CONSTRUIT EN UTILISANT